BOISSONS NON ALCOOLISÉES – LA MULTINATIONALE DANONE – CONTROVERSES
L'AFFAIRE LU
Le 10 janvier 2001, le journal Le Monde révèle la fermeture prochaine de deux usines LU. Le 29 mars, Danone annonce la réorganisation de son pôle Biscuits en Europe. Il comprend la fermeture de deux usines LU (biscuiterie) sur sept, à Calais et à Évry sur la commune de Ris-Orangis, ainsi qu'un plan de licenciement dans sa filière biscuits pourtant bénéficiaire. Le plan de restructuration prévoit la suppression de 1 780 emplois, dont 570 en France. L'objectif est de faire face à sa surcapacité industrielle à l'échelle européenne, en rationalisant les gammes et les lignes de production. Le taux d'utilisation des usines du groupe sont de 43 % contre 70 % chez ses concurrents. Danone s'engage alors sur des mesures d'accompagnement applicables à l'ensemble des sites concernés et sur des actions de réindustrialisassions des territoires touchés jusqu'en 2004.
En France, l'annonce de ce plan déclenche une vague de protestation auprès des salariés, des syndicats, de l'opinion publique mais aussi de la classe politique.
Début avril, des employés de l'usine LU de Calais lancent un appel au boycott. Petit à petit, le mouvement s'amplifie. Plusieurs mairies décident de suspendre l'achat des produits Danone dans les cantines scolaires, les crèches, les restaurants administratifs, les villages-vacances... Des comités d'entreprise emboîtent le pas. À l'Assemblée nationale, Attac obtient une centaine de signatures de députés. Des usines sont également occupées et des tracts distribués par les salariés.
Cependant, même si les Français approuvent le boycott, celui-ci divise. Les politiques et l'opinion publique soutiennent le mouvement, alors que des syndicats y sont opposés.
Ce plan entraîne aussi la mise en ligne d'un site Internet intitulé « jeboycottedanone » détournant le logo. Danone poursuit en justice Olivier Malnuit, rédacteur en chef adjoint de Technikart, auteur du logo détourné, et le Réseau Voltaire qui seront chacun condamnés en première instance à payer 100 000 francs (15 000 euros) d'amende, 60 000 francs (9 000 euros) de dommages et intérêts, 30 000 francs (4 500 euros) de frais de publication judiciaire et 10 000 francs (1 500 euros) de frais d'avocats pour contrefaçon. Toutes ces condamnations seront annulées en appel, la Cour confirmant la supériorité de la liberté d'expression sur le droit des marques. Ce plan social intervient aussi à un moment de crispation de la cohabitation, à un an de l'élection présidentielle, entre Jacques Chirac et Lionel Jospin, les deux s'exprimant sur le sujet.
Le 29 août 2004, le contrat des salariés de l'usine de Calais et d'Évry-Ris-Orangis, prend fin et les usines ferment leurs portes définitivement. L'infirmière d'une de ces usines raconte les trois ans de bataille entre la direction et les employés dans un livre paru chez Flammarion : Dehors les p'tits lus (ISBN 2-08-068816-2).
RUMEUR DE RACHAT PAR PEPSICO
En juillet 2005, une rumeur court sur un éventuel rachat par OPA hostile du groupe Danone par Pepsico. L'information, révélée par le magazine Challenges, affirme que Pepsico a pris 3 % du capital de Danone. Très vite, la classe politique se dit « préoccupée » et la rumeur enfle. Hommes politiques de droite et de gauche, syndicats s'élèvent pour défendre le groupe Danone, évoquant « un fleuron industriel ».
Pepsi nie avoir une telle intention, mais l'affaire fait grand bruit et le gouvernement français annonce qu'il fera son possible pour protéger Danone. Pepsico aurait indiqué à l'Autorité des marchés financiers (AMF) qu'il ne préparait pas d'offre sur le groupe alors que pendant des années, les investisseurs ont estimé crédible un rachat de Danone. De leur côté, les actionnaires déplorent un emballement autour de cette affaire.
Cependant, une voix discordante se fait entendre, celle de Gérard Augustin-Normand, président de Richelieu Finance. Selon lui, il s'agit d'une manœuvre « organisée par Danone et les pouvoirs publics français afin de rendre une OPA plus difficile et de constituer un socle d'actionnaires institutionnels français solide autour de Danone ».
À la suite de la rumeur d'OPA, l'action de Danone bondit de 10 % à la bourse de Paris le mardi 19 juillet 2005.
ACTIMEL ET ACTIVIA : PUBLICITÉ MENSONGÈRE
La publicité autour des supposées vertus des produits Actimel et Activia a été critiquées à plusieurs reprises. Au terme d'une action initiée en 2008 aux États-Unis, le groupe s'est engagé à verser 35 millions de dollars pour mettre fin aux poursuites. En 2010, Danone a été contraint de retirer ses allégations concernant ses produits phares, Activia et Actimel, présentés de façon abusives comme favorables à la santé.
PUBLICITÉ MENSONGÈRE SUR LE PRODUIT DANONINO
Le marketing destiné aux enfants sur le produit Danonino commercialisé par l'entreprise a été vivement critiqué par l'ONG de consommateurs foodwatch. Selon l'ONG, ce produit est présenté comme contenant du fruit alors qu'il n'en présente aucune trace. Elle a lancé une pétition en mars 2017 qui a réuni plusieurs milliers de signatures. Depuis, la marque a modifié l'emballage de son produit ainsi que sa recette, y ajoutant 6% de fruit.
PROMOTION DU LAIT EN POUDRE ET MISE EN DANGER DE NOURRISSONS EN INDONÉSIE
En 2010, un rapport de l’IBFAN, un collectif de 273 organismes à travers le monde dénonce les méthodes utilisées en Indonésie par les multinationales Danone à travers ses filiales Sari Husada et Nutricia, Nestlé, et Friesland, pour promouvoir le lait en poudre auprès du personnel hospitalier aux dépens de la santé des femmes et des nouveau-nés. La situation est également dénoncée par l'association Save the Children.
En 2015, une enquête du magazine Cash investigation de France 2 illustre comment Danone met en place des contrats de formation avec le personnel soignant de certaines cliniques, dont les clauses indiquent qu’en échange de séances de formation de sages-femmes ou de matériel professionnel, ce personnel doit promouvoir auprès des familles, dès la naissance d’un nouveau-né, le lait en poudre SGM.
L’emploi de lait en poudre pour les nourrissons dans les pays en développement est contraire aux recommandations de l’OMS, et contraire également à la loi indonésienne depuis 2005. Celui-ci pouvant conduire, d’une part, à des maladies graves chez le nourrisson dans des régions où les conditions sanitaires ne sont pas réunies, d’autre part, conduire à l’arrêt de la production de lait chez la mère ne trouvant d’autre issue que de prolonger l’utilisation de lait en poudre. Il est estimé que l’allaitement pourrait réduire de 13 à 22 % la mortalité infantile dans ce pays à forte natalité. L’utilisation du lait en poudre pour les nourrissons y est un enjeu de santé publique dénoncé notamment par l’Association des femmes indonésiennes qui allaitent (Aimi) depuis 2007.
Interrogé sur cette situation, la direction du groupe Danone a refusé les demandes d’interviews des journalistes et son directeur général Emmanuel Faber, abordé par la journaliste Élise Lucet à la sortie d'un colloque n'a voulu faire aucun commentaire. Danone s’est déclaré « choqué par le reportage » au lendemain de sa diffusion et a affirmé respecter le code international de commercialisation des substituts de lait maternel de l'OMS et faire respecter par ses filiales « un code de conduite des affaires rigoureux ».
L’Indonésie est présentée comme le 5e contributeur en termes de ventes mondiales du groupe Danone en 2014 et son lait SGM comme le plus distribué dans ce pays.